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Mireille CIFALI


Extraits de : Sentir, penser, aimer : enjeux éthiques des gestes professionnels,
  • Revue Éducation Permanente n° 175, juin 2008.

Travailler dans la singularité des gestes, dans l'ici-et-maintenant ; chercher ce qui est le moindre mal ; débusquer l'inhumain dans nos gestes ; renouer avec le dialogue ; se battre pour préserver une altérité en s'adressant à l'autre comme sujet et non comme objet ; dénoncer les mesures rationnelles qui n'interrogent pas les conséquences qu'elles provoquent : tel est devenu le quotidien de mes passions. Au moment où nous sommes pris par des dilemmes, des contradictions, des tensions, des exclusions, peuvent nous venir des gestes qui s'avèrent destructeurs. Le travail éthique a pour tâche de les comprendre et de les transformer. (p.37)

Nos valeurs, nos idéaux, nos actes pour un futur et pas seulement pour un présent, n'ont cependant de valeur réelle que dans le quotidien de nos gestes. Je me méfie de tous ceux - et de moi en premier lieu - qui ont des beaux mots à la bouche, qui savent discourir sur ce qu'il faut faire par formation et technique et qui, tout à coup, dans leur acte, réalisent le contraire de ce qu'ils disent. (p.38)

L'éthique est fortement liée au principe selon lequel l'humain est un sujet qui possède une capacité de choix - donc une liberté - qui peut agir ou pas, qui a une autonomie, est capable de réfléchir et de prendre des décisions : un sujet pensant et désirant, qui poursuit des buts. Nous sommes dans le registre d'une intersubjectivité. Nous avons à reconnaître l'autre avec qui nous travaillons comme étant susceptible d'être un interlocuteur à part égale, à l'estimer en tant que tel. (p.39)

En outre, le processus de guérison, comme celui de formation et d'éducation, n'est possible que si l'on reconnaît à chacun sa capacité de création. La technique ne peut alors à elle seule suffire, elle se conjugue à chaque fois avec un travail du sujet dans sa relation au contexte. Quant aux professionnels, le risque est grand qu'ils s'en tiennent à la toute puissance d'une technique et ne voient plus un être humain dans sa responsabilité et sa liberté. Technique et liberté ne s'opposent pas, elles se conjuguent. Le travail qu'on peut mener dans la formation ou dans l'accompagnement des professions passe par cette interrogation d'une idéologie technicienne, d'une conception du management tout en puissance désincarnante. (p.40)

Le travail éthique, comme le travail clinique ne vise rien d'autre que de préserver des espaces d'intériorité, un amour de soi (Audi 2007), comme fondement de notre possibilité d'être en lien avec les autres.

  • Un engagement de parole

Nous avons également une responsabilité professionnelle de rencontre et de parole. De quelle parole s'agit-il ? Ce sont pour une grande part des paroles de reconnaissance de l'existence d'un autre, de sa souffrance s'il y a lieu, des paroles qui guident. Cela concerne tous les métiers, je crois. A force de discours, justifiés d'ailleurs, sur les compétences, on contribue à nous rendre tout à fait incompétents dans le domaine de la rencontre humaine. Parler à un être humain, lui dire peut-être des banalités, le rencontrer comme humain et pas seulement dans notre fonction est un des éléments essentiels à préserver dans nos métiers. (...) Dans la relation humaine professionnelle, il importe de ne pas gommer l'importance d'un présence, d'une authenticité et la nécessité d'une reconnaissance. (...) La formation ne vise pas seulement à apprendre à communiquer efficacement, elle vise à prendre en compte la responsabilité de parole que nous avons envers ceux avec qui nous travaillons. (p.45)

Une lucidité institutionnelle(...)

Une institution peut aujourd'hui comme hier nous empêcher de penser (Malherbe 2001), et puis se plaindre d'une mauvaise qualité de nos gestes. A chaque fois il importe de déterminer ce minimum sans lequel on ne peut travailler ; de continuer à se battre pour obtenir les conditions pour penser ; de prendre la mesure de nos gestes même lorsqu'ils se sont trouvés avoir des répercussions destructrices. Quand sous nos gestes il advient en effet de la violence, il nous revient de repérer quelle est notre part et celle qui concerne une pathologie institutionnelle. Sur les circonstances qui nous rendent inhumains, nous avons à réfléchir. Notre siècle a produit beaucoup d'insoutenable, certains d'entre les hommes en ont fait le récit. Aujourd'hui cet insoutenable concerne aussi nos conditions de travail. L'emprise sur nos institutions sociales d'une efficacité quantitative, la marchandisation du savoir sont des attaques à la pensée, qui se traduisent par de la souffrance et des protections défensives.
L'éthique ne peut se substituer aux responsabilités politiques, mais elle reste un lieu d'interrogations qui cherche à maintenir de l'altérité et du déplacement. (p.46)

Audi, P. 2007. Supériorité de l'éthique, Flammarion
Malherbe, J.F. 2001. Déjouer l'interdit de penser. Essais d'éthique critique. Liber.













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