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Franco Ferrarotti



Deux extraits de "partager les savoirs, socialiser les pouvoirs", un entretien avec Christine Delory-Momberger,
in : Revue Le sujet dans la cité, n° 4, novembre 2013

"Mon expérience m'a amené à ne pas considérer le savoir comme un trésor privé, secret, à conserver dans une tour d'ivoire. Le savoir a toujours été pour moi une saveur qu'il fallait goûter ensemble. Bien entendu, je n'ai jamais cru qu'on pouvait enseigner quoi que ce soit à quiconque. L'idée d'enseigner m'a toujours été étrangère car elle est, à mon avis, toujours empreinte de dogmatisme, et qu'elle relève d'une forme de patriarcalisme (paternalisme ?) et d'une manipulation psychologique plus ou moins habilement cachée. On ne peut rien enseigner. On peut aider des personnes à se développer de manière autonome, les accompagner dans ce processus. C'est par là que j'ai beaucoup aimé "faire le professeur", et je l'ai fait presque partout dans le monde, parce que le professeur n'enseigne pas. Il professe. Quoi ? Des idées, des visions, des perspectives. Il stimule, réveille, fait surgir des doutes chez ses auditeurs, même de la haine, de la cordiale détestation. Et pourquoi ? Parce que c'est la seule voie - methodos en grec - pour alimenter la soif de vérité et l'amour de la vie des idées, pour construire l'home et la femme "autotélique" , c'est à dire celui ou celle qui conçoit son propre but, son idéal de vie, son télos. L'éducateur professeur doit aussi et surtout éveiller chez les étudiants le refus, la répugnance instinctive pour les idées reçues, les lieux communs, qui sont littéralement les "lieux d'aisance" de la pensée." (p. 20).

"La méthode biographique c'est autre chose qui est beaucoup lus déstabilisant, parce qu'elle amène le chercheur à reconnaître qu'il ne sait pas, qu'il ne peut commencer à savoir qu'avec les autres - avec les gens - qu'avec le savoir des gens, et en particulier avec le savoir que ses interlocuteurs - ou ses "interacteurs" - construisent avec lui dans des prises de parole, dans des conversations, dans des récits. Et en même temps, ce savoir, il ne se donne pas comme tel, c'est un savoir situé, ancré, incorporé. Cela demande donc de valider ces formes de savoir-là, qui, au regard de l'idéologie scientiste et même scientifique, sont des savoirs "mélangés", des savoirs "impurs". Et cela demande d'être dans un contact immédiat avec les personnes ou les groupes sur - ou plutôt avec - les quels on enquête, de développer des rapports d'interaction, une relation interpersonnelle complexe et réciproque, dans laquelle le chercheur est lui-même un "recherché". Et de fait ces personnes participent autant que vous à la recherche et c'est à ce titre que l'on peut parler de co-construction ou de construction partagée. Das cette interaction de recherche, il n'y a pas un enquêteur ou un observateur qui connait et un enquêté ou un observé qui est connu. Comme nous le savons, l'observateur est complètement impliqué dans le champ de son objet qui en est lui-même modifié. La connaissance n'a pas l'autre pour objet, mais l'interaction réciproque entre observateur et observé, c'est une connaissance à deux qui se construit dans une interaction, dans une intersubjectivité. C'est ce que j'appelle une dialectique relationnelle qui n'est ni hégélienne, ni marxiste, mais interpersonnelle." (p. 23).





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