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Paul Fustier



Le lien d’accompagnement. Entre don et contrat salarial, Dunod, 2000.

Dans la conclusion de son livre, Paul Fustier écrit : « A entendre les éducateurs s’interroger sur la légitimité de leurs pratiques, on a souvent l’impression que l’immense variété des situations professionnelles et des objectifs qui leur sont assignés entraine une identification impossible, ce qui est encore renforcé par la diversité des corpus théoriques auxquels ils peuvent se référer (psychologie, sociologie économie anthropologie), corpus divers qui ont bien du mal à s’articuler entre eux » (p.221). La même interrogation sur leur identité professionnelle et l’unité problématique - pour ne pas dire l’éclatement - de leur profession se pose évidemment pour les formateurs.

Fustier écrit aussi : «On doit donc s’interroger sur la pertinence des distinctions qui ont actuellement cours pour identifier les différentes professions éducatives et sociales » (p.222). Ne devrait-on pas se poser la même question pour les métiers de la formation ? L’auteur considère que la division du travail entre les professions du travail social se maintient par « adhésivité bureaucratique », alors que, par ailleurs, s’inventent tous les jours de nouveaux métiers, sous l’égide d’un « univers idéologique politico-technocratique qui veut persuader qu’à tout problème reconnu, correspond une profession particulière, un spécialiste du problème posé » (p. 222).

Il y a là, de mon point de vue un premier écueil qui doit nous amener à nous interroger sur les dispositifs de formation aux métiers de la formation : faut-il diversifier ces formations en une série de formations de plus en plus pointues et spécialisées, ou privilégier une vision de formations généralistes ou du moins un tronc commun important à ces différents dispositifs de formation ? D’autre part la division à la fois technique et hiérarchique du travail qui détermine la logique des référentiels tels qu’ils ont été pensés par le réseau national des universités, est-elle pertinente ou ne résulte-t-elle pas plutôt d’une forme d’adhésivité bureaucratique ou de conditionnement idéologique propres au milieu universitaire ?

Je plaiderais plutôt pour une distinction des fonctions sans différence a priori de niveau de certification : l’activité d’un formateur-animateur, s’il travaille avec un public constitué de personnes en grandes difficultés, à la fois d’ordre cognitif, psycho-affectif et social, ne nécessite-t-elle pas un niveau de formation que l’on pourrait plutôt situer à Bac + 5 ? Considérer qu’un formateur-animateur relève d’une formation de niveau Bac+2 ne conduit-t-il pas à en dévaloriser la fonction, alors qu’un instituteur de maternelle est formé au niveau master ? L’université doit-elle aligner ses pratiques sur la logique du monde du travail ou sur les résultats de négociations entre partenaires sociaux (la convention collective) dans lesquelles le patronat dispose d’une influence dominante ?

Fustier évoque ensuite l’utopie d’une profession susceptible de « rencontrer des personnes dans leur totalité » avant de rappeler que « dans les utopies, il vient se loger de la toute puissance » (ibidem).
Il cite ensuite une définition de l’éducateur : « Par éducateur (on) entend celui qui, après une formation spécifique, favorise par la mise en œuvre de méthodes et de techniques pédagogiques, psychologiques et sociales, le développement personnel, la maturation sociale et l’autonomie des personnes (jeunes ou adultes) en difficulté, handicapées… ». J’arrête ici la citation pour remarquer qu’à quelques mots près, en ajoutant la notion de développement professionnel ou des compétences, en remplaçant la maturation sociale par la professionnalisation et en précisant que les formateurs ne s’adressent pas forcément à des personnes en difficultés (du moins certains formateurs, dont l’activité est plus éloignée de celle des éducateurs), on a une formule qui pourrait presque s’appliquer à une définition large du métier de formateur. Une différence à rappeler tout de même : les formateurs n’ont pas forcément reçu une formation spécifique, puisque cette profession est peu réglementée…
Pourquoi ce rapprochement ? Surtout pour transposer au métier de formateur la dernière remarque que fait l’auteur à propos de cette définition des éducateurs : il la trouve trop ambitieuse et évoque « une position grandiose qui ignore les limites et règnerait sur l’univers des gens dans le besoin (et qui) est en quelque sorte démiurgique » (p. 223).

Là aussi n’est-ce pas une tendance que l’on retrouve souvent dans les discours sur les métiers de la formation. Certes ils ne s’adressent pas à des personnes « dans le besoin », parce qu’elles souffrent de carence psychoaffective ou de handicap, mais à des gens qui ont seulement des « besoins de formation » (ou de développement leurs compétences). Mais n’y a-t-il pas aussi quelque illusion démiurgique à prétendre que par sa seule action de « transmission de savoirs et de savoir faire » le formateur va combler ce besoin ? Sans oublier la mise en œuvre des méthodes et techniques de l’ingénierie de formation, sans doute infaillibles puisque fondées sur un « Traité des sciences et techniques de la formation » et éclairées par une récente Encyclopédie du domaine…

Comme Fustier le fait pour les éducateurs essayons donc plus modestement de définir les caractéristiques des personnes auxquelles s’adressent nos activités, d’en formuler la finalité : les aider à avancer dans un processus d’apprentissage qui se traduit par l’acquisition de connaissances (la construction de schèmes), parfois par des changements dans leurs représentations, leurs attitudes, leurs cadres de références. Pour cela les formateurs doivent conduire des activités pédagogiques intégrées dans des dispositifs de formation conçus pour faciliter ces apprentissages et ces changements ; sans oublier que le processus de formation résulte pour l’essentiel de l’activité des personnes en formation (qui SE forment) et que les formateurs n’en ont donc pas la maîtrise, puisqu’ils n’en sont pas les sujets ni les acteurs principaux (contrairement à ce qu’ils imaginent parfois dans leur illusion de toute puissance), ceux-ci étant les « apprenants » et les communautés de pratiques auxquelles ils appartiennent.







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