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Francis Jacques



« Francis Jacques est un philosophe français né en 1934 à Strasbourg.
Il a été notamment professeur de philosophie à l'université de Rennes 1 (de 1976 à 1986), puis professeur de philosophie du langage et de la communication à la Sorbonne nouvelle (Paris-III) (de 1986 à 2001).

Auteur de nombreux ouvrages, il a montré — dans Différence et subjectivité et L'Espace logique de l'Interlocution — que la subjectivité ne devrait pas être pensée à partir de la conscience de soi, mais à partir de la communication interpersonnelle. C'est en effet dans et par celle-ci que les participants deviennent des personnes. Sa réflexion s'inscrit à la fois dans la perspective de l'anthropologie, de la philosophie analytique et de la pragmatique linguistique. » (wikipedia)

Extraits de : Différence et subjectivité.
Anthropologie d’un point de vue relationnel
Paris : Aubier Montaigne, 1982

Avertissement

(p.9) « Notre temps ne doit pas seulement s’accommoder de la blessure narcissique infligée par la découverte freudienne de l’inconscient, prendre en compte après Marx la structure des rapports de production (…). Il lui faut encore accueillir la plénitude du fait communicationnel et langagier. Nous avons presque trop bien appris que les jeux de langage sont pour le moins une condition nécessaire de la texture sociale. » (…)

« L’idée d’un sujet qui se pose impérieusement lui-même et qui prête le sens, fondement auto-fondateur, une telle idée est devenue improbable. »

(p.10) « Choisir une approche communicationnelle de la subjectivité… »
« J’entreprends d’un même mouvement de mettre en place ma solution propre au problème de l’identité personnelle et à celui de la différence. »

(p.11) « Le premier enjeu d’une anthropologie ainsi pensée (d’un point de vue relationnel) serait un concept de la différence, celle qui importe, des personnes. » (…) « Tant que la différence invite à partir d’un moi monadique, substantiel, l’Autre est constitué avec un sens qui renvoie au moi. »

(p.12) « (dans ce cas) l’Autre n’est qu’une image conçue, imaginée ou fantasmée, à partir du Même : comprendre autrui permet de l’annexer ou de l’exclure, parfois de le détruire. Comprendre alors, c’est aussitôt avoir une emprise sur l’autre, le juger de l’extérieur, (…) lui imputer des prédicats individuels, et en fin de compte non personnels. »

« Au lieu de tenir la subjectivité pour première, ou à l’opposé de la tenir pour nulle et non avenue, j’ai déplacé le primat sur la relation interpersonnelle. »

(p.14) «primat de la relation, singulièrement de la relation interlocutive… »

(p.15) « Construire une philosophie de la personne autour de l’expérience effective d’être en rapport avec autrui et d’y maintenir par la communication, c’est à dire d’un point de vue directement relationnel. »

« Pour décisifs que soient les rapports de production ou les déterminations de l’inconscient, ils ne disposent pas de la question toujours actuelle de la réalité de la personne comme existence subjective et parlante. »

« La réduction de la personne à la subjectivité et de celle-ci à la conscience fut l’enseignement même de l’idéalisme. Il triompha dans la « métaphysique de la subjectivité ». Celle-ci est aujourd’hui largement disqualifiée. »

(p.16) « l’un des aspects du tournant linguistique (…) aura été de renverser la perspective tout en proposant un remède assez radical, trouvé dans l’institution du langage. (Il convient) de l’infléchir en saisissant le langage sous l’espèce du discours et le discours sous l’espèce de la communication. »

« C ‘est à mon sens la pragmatique du discours, son mode de fonctionnement, plutôt qu’un système de représentation sur le moi, qui contribuent de manière décisive à déterminer par contrecoup les caractères fondamentaux de la subjectivité. »

(p.18) « Un locuteur ne se pose comme sujet qu’en relation originaire avec son interlocuteur, non par opposition à lui. Et cette mise en relation, est première par rapport à lui-même et à « son » énonciation. (…) L’énonciateur est un sujet dans la mesure où parler pour lui consiste à s’identifier au cours et à travers les communications où il lui est donné de prendre part. »

(p.19) « Nous ne sommes pas habitués à comprendre, observer et décrire des phénomènes relationnels dans un autre langage que celui de l’individuel, de ses propriétés ou de ses rôles. La description doit être entièrement remaniée ; elle cesse notamment d’être phénoménologique puisqu’il n’est plus question de replacer les phénomènes sur le fameux axe de l’intentionnalité. Elle n’est pas d’avantage positiviste. »
« Comme la solution proposée au problème de l’identité personnelle était interne à une philosophie inédite du dialogue et de la relation interlocutive, elle était entièrement à construire. »

Introduction
Une approche communicationnelle de la personne

(p.21) « La subjectivité nous apparaît essentiellement comme personne parlante (ou mieux : capable du discours) dans une situation qui est tenue aujourd’hui pour exemplaire, la communication verbale. (…) Tous les énoncés de la phrase seraient d’une certaine manière marqués subjectivement. (…) On pourrait étudier systématiquement tous les lieux langagiers où s’inscrit le sujet parlant considéré en général (…) comme le sujet du dire. »

(p.25) « S’il n’est pas de sujet tout constitué, ni de sujet originairement constituant, il pourrait y avoir, nous l’avons dit, une institution du sujet parlant comme agent de la communication. (…) En quoi il se réalise : il se fait reconnaître dans son statut anonyme de personne, à une certaine position de locuteur-auditeur idéal, et d’autre part dans son statut personnel et nominal de subjectivité empirique, à une certaine place au sein du système institué de la communication. »

(p.26) « la situation dialogique… les interlocuteurs… la relation interlocutive qui les lie et les constitue en co-énonciateurs. »
« Selon cette hypothèse, le locuteur cesse d’être au centre de l’énonciation, comme celui qui mobilise l’appareil de la langue au service (ou au profit) de son dire. La situation typique d’énonciation n’est plus égocentrique. »
(p.27) « l’énonciation apparaîtra comme une activité conjointe de mise en discours où le locuteur et l’allocutaire sont des instances en relation actuelle.
Cette mise en discours conjointe implique à son tour une mise en commun du sens des énoncés… »

(p.28) « les interlocuteurs sont des instances co-énonciatives en ce qu’ils partagent un certain nombre de présuppositions qui les placent, au moins partiellement, à l’intérieur d’un même cadre sémantique.

(p.29) « …une telle intersubjectivité est aux antipodes de la notion d’intersubjectivité transcendantale que la phénoménologie a mise en circulation. Il faudrait aller jusqu’à fonder en rigueur le paradoxe que si le je se dit bien de celui qui parle, il ne revient plus à celui qui dit. C’est sans doute moi qui parle, le locuteur. Mais en toute rigueur je ne suis pas l’énonciateur : c’est nous qui disons. (…) Qu’en est-il su statut philosophique de la personne si nous substituons au cogito de l’homme seul un « je parle mais nous disons » ? »

(p.31) « Mais renoncer à la centralité du locuteur, à ses intentions et à ses attentes, ne simplifie pas le problème de la subjectivité dans le langage. Il permet en revanche de la poser de façon plus compréhensive. »

(p.32) « Le je ne se découvre lui-même que dans l’allocution à un tu et dans la délocution des autres à son égard. En somme le rapport à l’autre précède l’expérience du moi lui-même. Ce pronom « personnel » marque à l’intérieur du discours l’acte de présence d’un des agents de la communication plutôt que du sujet du dire. (…) Pendant que l’objet du discours, la référence, se trouve coopérativement constitué par l’apport progressif des messages échangés, qu’en est-il du véritable sujet du discours ? Nous répondons que c’est l’instance relationnelle qui est effectivement productrice du discours. Elle résulte de la constitution réciproque des participants à l’œuvre conjointe du sens. »

(p.33) « On peut dessiner quel serait le programme d’une philosophie transcendantale de la personne (…) : construire le concept de personne en articulant deux types de relations. De l’homme avec les choses en qualité de référent, (…) et simultanément de l’homme avec l’autre homme dans une relation interlocutive. »

(p.34) « …l’idée que la relation entre le langage et le monde est originairement médiée par des interlocuteurs pourvus de besoins et de projets en interaction. »






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