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"On forme quelqu'un"


Dans le cadre de la conférence de consensus organisée par l’Institut Jacotot et ses partenaires (CNAM, Universités, etc.) sur « les formateurs, leurs métiers, leur travail, leurs formations », une série de questions ont été posées à des experts pour préparer une première journée d’audition le 3 décembre 2013.

Ces questions portaient sur trois thèmes: 1) les conditions d’exercices, 2) qualité et efficacité de la formation et 3) identité, travail et métiers. La dernière question, sur ce troisième thème était : À partir de quel moment pouvez-vous dire qu’on forme quelqu’un ?

Je propose ici quelques idées sur cette question :

L’utilisation du verbe former de façon transitive : « je (le formateur) forme quelqu’un (le formé) » est significative d’une conception de la formation qui me semble illusoire. Elle est gratifiante pour le formateur, à qui elle attribue le pouvoir et la capacité de (trans)former les autres. Mais l’apprentissage, le développement des connaissances et des compétences des personnes en formation, repose sur une activité dont le sujet est l’apprenant, alors que cette expression – « on forme quelqu’un » – réduit le formé à n’être que l’objet de l’action du formateur. Certes le formateur a un rôle important à jouer, mais il est de faciliter l’activité d’apprentissage de la (des) personne(s) en formation, en créant les conditions, en proposant des activités, en mobilisant des supports et des moyens adaptés (y compris son « enseignement » et l’ensemble des interactions qu’il initie avec les apprenants).

Derrière cette utilisation du verbe former sous la forme transitive, il y a souvent un modèle implicite de type mécaniste, ou cybernétique (émetteur/récepteur), sinon béhavioriste de la formation, dont les insuffisances me semblent depuis longtemps démontrées (voir les auteurs qui se réfèrent au courant de la didactique professionnelle et mon texte « le sujet et l’objet dans le travail du formateur », dans le livre : formation et professionnalisation des travailleurs sociaux, en ligne :
Le travail de formateur et le processus de formation

Une autre façon de formuler la question serait : à partir de quel moment peut-on dire que quelqu’un se forme, ou plus précisément acquiert ou développe des connaissances et/ou des compétences en situation de formation ? La question qui vient ensuite est : comment peut-on (peut-il) évaluer et reconnaître qu’il y a apprentissage et/ou développement ? Mais il me semble impossible de répondre à des questions aussi générales ; chaque personne et chaque situation de formation étant singulières la réponse ne peut venir que de l’analyse précise (clinique) de pratiques et de situations.

Ce qui précède pourrait sembler relativement évident, mais il me semble que ces idées sont loin d’être généralement admises. Un exemple, qui n’est pas seulement anecdotique :

Dans le « document support » d’une conférence qui devait être prononcée le 3/12/13 en Sorbonne dans le cadre de la formation des étudiants d’un « doctorat professionnel » de l’Université de Paris 5 René Descartes, sur le thème « les métiers innovants de la formation » un intervenant (Olivier Marty), chercheur en sciences de l’éducation au Centre de recherche sur la formation du CNAM, présente ainsi sa conférence :


  • "Définitions premières :

  • Je traiterai des métiers, c’est-à-dire des outils, techniques, machines et dispositifs qui sont propres à une activité. Ce sont des métiers innovants car pratiqués par de nouveaux acteurs (dans la formation professionnelle continue) ou parce qu’ils utilisent des outils récents (les nouvelles technologies de l’enseignement à distance). Ces métiers innovants concernent la formation, c’est-à-dire l’intervention sur autrui pour lui donner une forme : que ce soient des idées pour mieux voir la réalité professionnelle, des habiletés pour mieux exercer un emploi, ou des compétences pour mieux communiquer avec ses collègues."

Je passe sur les définitions discutables des notions de métier et d’innovation et je m’arrête sur celle de formation :
"la formation, c’est-à-dire l’intervention sur autrui pour lui donner une forme…".

Même s’il ajoute : « que ce soient des idées (…), des habiletés (…) ou des compétences…« , on est bien là dans une conception de la formation qui pose le formateur comme un démiurge tout puissant qui « donne une forme » à autrui, ou comme un généreux donateur d’idées, d’habiletés ou de compétences à ceux à qui elles font défaut. Dans cette logique, la formation n’est pas le résultat d’un processus d’apprentissage, c’est la simple réception d’idées ou de compétences émises ou transmises par le formateur, c’est le fait de subir l’action du formateur qui « donne une forme » à des êtres qui étaient sans doute jusque là informes !





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