l’individuel et le collectif

« Nous déplaçons les lignes peu à peu à la recherche de ce que nous espérons, mais pour cela il est nécessaire que le collectif ne nous bloque pas.

Je ne pose pas ici la question du meilleur sous une perspective individuelle, mais sous une perspective collective et politique, dont il est impossible de faire l’économie. Ou si on veut, je la pose sous une perspective individuelle dans ce par quoi l’individuel ne peut pas complètement s’abstraire du collectif, ne peut pas entièrement lui échapper, dans ce par quoi, l’individuel, en tant qu’il est un fragment du collectif, en porte aussi les caractéristiques, ne peut pas lui échapper complètement, ne peut pas s’en abstraire hermétiquement.

Sinon sans doute la solution serait-elle de s’abstraire hermétiquement du collectif, mais c’est impossible. On ne peut qu’écarter cette hypothèse : le collectif ne cesse de nous revenir au visage et de nous reprendre comme une vague. Je ne vois pas comment nous sortirions indemnes d’un jeu collectif.

(…)

Or nous, donc, plongés dans le collectif et tentant de dessiner l’individuel que nous sommes, que nous cherchons à être, nous heurtant sans cesse à l’énigme double : chercher à être ce que nous sommes, sans le savoir, car ce qui nous guide ne nous est pas donné, mais demande à être construit ; tenter de le concilier avec un devenir collectif dont nous ne savons pas à quel point, dans quelle mesure, il influe sur nous, nous désoriente, nous impose des repères qui ne sont pas les nôtres.

Je crois que le problème est là, dans une articulation du singulier que nous cherchons à être, sans savoir quel il est, avec un collectif dont nous ne savons pas à quel point exactement il nous détermine. Mais d’avoir identifié le problème nous en donne-t-il la solution ?

Isabelle Pariente-Butterlin  Constat 12 (sans résolution)

http://www.auxbordsdesmondes.fr/spip.php?article2095
1ère mise en ligne et dernière modification le 31 décembre 2014.