Louis Staritzky Chronique d’une recherche-action

Se mettre en recherche c’est donc être en mesure de voir et sentir ce à quoi nous n’aurions pas nécessairement porté attention, soit parce que cette chose (expérience, collectif, situation) serait dans l’angle mort de nos réalités ou, au contraire, parce que nous la jugerions trop banale, ordinaire, quotidienne. Il s’agit donc à la fois d’être attentif et sensible aux expériences mineures, celles qui nous décalent de notre quotidien et, en même temps, à celles, tout à fait ordinaires, que nous ne cessons de croiser sans avoir pour autant l’habitude de les questionner, une manière de replacer le politique au centre de notre vie de tous les jours. Ces deux approches dessinent l’espace dense et multidimensionnel de nos situations de recherche, une écologie de l’attention qu’il nous faudra cultiver collectivement. Lire la suite

Le français n’existe pas (Myriam Suchet)

Le français n’existe pas.

Du moins il n’existe pas sans toi, et moi, et elles, et eux, et vous et nous qui parlons, écrivons, chantons, sacrons, conversons, discourons…

C’est de chacune de nos paroles que « la langue » est faite, défaite et refaite : fête !

Les guillemets, ici, visent à rappeler le caractère construit, non naturel, des parois du bocal linguistique.

Or cette évidence ne cesse d’être escamotée, parfois par des institutions garantes de la stabilité ou de la pureté linguistique (comme l’école, le dictionnaire ou l’Académie), parfois de façon involontaire.

Au contraire, certains textes, notamment littéraires, ravivent l’ouverture à même « la langue» : ils invitent à lire le « s » de français comme une marque de pluriel.

La recherche qui commence ici prend son impulsion dans la lecture de ces textes que je dirai « hétérolingues » .

Le choix de ce terme permet d’indiquer qu’il ne s’agit pas d’additionner une langue « x » + une langue « y » + une langue « z » (ce que ait le pluri- ou le multi-linguisme qui promeut la diversité), ni d’enrichir le trésor d’une Francophonie dont la France resterait le centre, mais de travailler les différences internes à toute langue, de prendre acte des hétérogénéités qui constituent chacune d’entre elles (ce qui est vrai pour « le français » l’est de la même manière pour « l’anglais » , « le japonais » , « l’africain » ou « l’inuktikut » .

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Impuissance guerrière

 

« Nous sommes dans une logique de l’impuissance guerrière »

http://rue89.nouvelobs.com/2015/11/14/sommes-logique-limpuissance-guerriere-262098

Pour Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, la réponse « guerrière » apportée par les politiques aux attentats de vendredi illustre leur impuissance et nous place dans une logique inefficace et sans fin.

Quelques heures après les attentats qui ont frappé la France, la question de la réaction se pose déjà. Le mot de « guerre » est sur toutes les lèvres, notamment celles du Premier ministre, au JT de 20 heures de TF1.

La même question s’était posée après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo, et Jean-Pierre Dubois, juriste et président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, nous avait alertés. Nous l’avons recontacté.

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à ceux qui déclenchent les guerres

« Karel écrivait : La guerre est une banalité qui nous contraint à remplacer ce que nous avons détruit par ce que d’autres détruiront. Il m’a longtemps semblé que cette phrase énonçait une fatalité pire que l’ironie, puis je me suis aperçu que Karel signifiait que la guerre est un système qui s’entretient de lui-même. Qu’importe ses acteurs et ses justifications, il se nourrit de ses dévastations. La victoire et la défaite n’ont aucune pérennité, sinon comme germes de la prochaine guerre. »

Ayerdhal : Chroniques d’un rêve enclavé, Au diable vauvert, 2009.

Neumann : la socialisation, étapes, crises

La définition du concept d’habitus chez Elias, dont Bourdieu s’inspire, comporte un dimension cumulative où les étapes de socialisation et les expériences s’ajoutent, se superposent, ce qui décrit une formation de la personnalité en mouvement, et non pas des habitus figés. (…) Oskar Negt a décrit la succession complémentaire ou contradictoire des étapes de la socialisation d’une personne, où l’adolescence abolit et prolonge l’enfance, où l’exercice d’un métier à l’âge adulte contredit ou utilise les savoirs acquis au cours de la formation scolaire ou universitaire, etc. À chaque étape, la personnalité doit se réorienter, interpréter les expériences nouvelles et surmonter des épreuves ou des crises.

Alexander Neumann : Après Habermas, la théorie critique n’a pas dit son dernier mot. Ed. Delga, p. 192.

Conférence de vernissage d’exposition

Romain LOUVEL : Conférence de vernissage d’exposition

(Conférence prononcée lors du vernissage de l’exposition « Discovering the city », Musée Wola, Varsovie, le 27 novembre 2013. Cet évènement participe au projet Expéditions)

« Discovering the city » manifeste le retour des explorateurs partis en Expédition quelques mois plus tôt en Espagne, en France et en Pologne. Il prend la forme d’une exposition installée dans un musée. Les activités d’exploration ont produit des objets de formes et de disciplines diverses, réunis dans une collection, identifiés dans un catalogue, sélectionnés par Anna Banaś et mis en scène par Anna Met.

L’exposition « Discovering the city » résulterait d’une telle équation qui rassemble l’auteur, le collectionneur, la collection, le commissaire, le scénographe et le musée.

Je m’interroge du sens attribué à ces objets exposés au travers leur parcours et leur histoire. Je m’interroge aussi de la manière d’exposer ces objets, du sens et des raisons que nous avons a le faire. Et je m’intéresse au rôle que l’exposition joue dans l’érection de ces objets au statut général de matière pour la connaissance, voire de connaissance pure.

Il y a un mécanisme de fabrication de la connaissance auquel l’exposition contribue.

Mais…

Qu’est-ce qu’une exposition ? Pourquoi fait-on des expositions ?

… lire la suite : http://www.les-seminaires.eu/conference-de-vernissage-dexposition/, mis en ligne le 2 décembre 2013

une expérience à suivre

Pascal Nicolas-Le Strat envoie ce message le 10/11/13 :

Cher-e-s ami-e-s, bonjour,
Après la soutenance de mon HDR, je me mets (enfin !) à mon livre « Le travail du commun »… mais en y associant (peut-être !) une expérimentation sur le Net, à savoir :
- y associer le journal d’une écriture,
- proposer le livre en fabrication,
- proposer une interaction avec les lecteurs, sous la forme donc d’une écriture en lectures,
- et enfin à un niveau meta une réflexion sur ce lien entre publicisation d’une écriture et publication d’un écrit, et une réflexion sur le format électronique qui affecte conjointement la pratique d’écriture et le format même du livre. Donc une expérience elle-même expérimentée
C’est l’idée du jour ! Oups ! Je ne sais pas si je parviendrai à engager l’expérience. Mais je conviens de la publiciser dès son amorce… pour tenir la règle du jeu.
Vous trouverez donc sur mon blog (réouvert pour cette occasion) des premières réflexions sur ce projet, qui ont pris, comme souvent en la matière, la forme d’un message à Yves lOurs Koskas.
http://blog.le-commun.fr/
Si cela suscite une quelconque attention de votre part, je suis preneur de vos remarques… y compris de vos encouragements  ;-) )
Passez un bon dimanche
Bien amicalement
Pascal

Vous pouvez aussi suivre l’actualité de son livre « Le travail du commun » tout au long de son écriture, soit par Twitter : @travailducommun, soit en rejoignant sa page Facebook personnelle : facebook.com/pascal.nicolaslestrat

Expéditions 2013-2014

« Expéditions » est une expérimentation à la croisée des chemins de l’art, de la recherche en sciences sociales et de l’éducation populaire, initiée par le plasticien Romain Louvel.

http://agedelatortue.org/?page_id=46

Avec les acteurs associatifs et les familles des quartiers de Maurepas (Rennes), du Ponant (Tarragona) et de Praga (Varsovie), il s’agit de valoriser les ressources culturelles invisibles de territoires trop souvent stigmatisés. La finalité de ce projet s’inscrit dans un horizon de transformation de nos regards sur la ville :
- Réinterroger les idées préconçues concernant les quartiers dits populaires,
- Réinvestir le motif de l’expédition ethnographique pour le déconstruire, y compris sur le plan de l’actualité des attitudes parfois néo-coloniales dans nos disciplines (art, recherche, éducation).

Pour cela, nous organisons des résidences en immersion dans ces trois villes qui donneront lieu, entre autres, à l’édition d’un livre, à la production d’une installation plastique, d’un film documentaire et d’un séminaire international pluridisciplinaire.

Lors de ces trois résidences de trois semaines chacune, une équipe d’explorateurs constituée d’artistes, de chercheurs, d’enfants des quartiers concernés et de pédagogues de rue va à la rencontre notamment des familles, des commerçants et des décideurs politiques locaux de ces trois villes pour collecter des discours concernant :
- Leurs représentations et leurs imaginaires relatifs à la vie quotidienne des quartiers dits populaires,
- La façon dont les gens de Tarragone imaginent ces quartiers à Varsovie ou à Rennes, et vice-versa.

Chacun des explorateurs invente son propre dispositif d’exploration de la ville et des représentations qu’en ont les habitants. Chaque dispositif servira de support à un questionnement central et commun à tous : comment les personnes rencontrées se représentent 1) leur propre quartier, 2) les quartiers de la ville dans lesquels ils n’habitent pas et enfin 3) les deux autres quartiers européens concernés par le projet ?