transmettre

transmettre une vie, son enseignement ou celui d’un maître, c’est faire ouvrage de fidélité

Ahn Mat  l’apatride

Les nuits échouées  – mercredi 21 août 2013

http://lesnuitsechouees.blogspot.fr/2013/08/cava-oui.html?spref=tw

Rencontre avec Isabelle P-B

Une belle rencontre : les textes d’Isabelle Parente-Butterlin, en particulier sa série « Minuscule », à lire sur son site : http://www.auxbordsdesmondes.fr/

Quelques phrases, tirées de Minuscle 34, pour en goûter la saveur :

« Les minuscules bonheurs sont suspendus entre le désespoir et l’absurde du monde. Ils oscillent, là, dans notre mémoire, dans les sourires que nous leur adressons, dans les gestes qui sont comme des caresses. Le temps n’empêchera pas qu’elle ait caressé ma joue, qu’il ait attendu avec moi la réponse, et que j’ai senti les échos et l’unisson, qu’il y ait eu cette phrase de Mozart au hautbois dans le Rex Tremendae, que le linge ait l’odeur du soleil quand on se couche.

Le monde sombre et nous entraîne dans le désespoir ; nous le savons tous, n’est-ce pas ?

Il faudra bien, dans le crépuscule qui nous attend, nous tenir dans l’équilibre improbable d’une corde tendue à rien, ne nous retenir à rien, que la verticalité de notre élan, et l’élan donné, dans le jardin, dans ce crépuscule d’été où nous attendions la délivrance de l’orage, dans cette nuit d’été où elle racontait autrefois, et il y avait l’odeur de son tablier de coton contre lequel, souvent, dans la journée, je venais interrompre et suspendre la course du jour. »

Roland Barthes (1915-1980)


Quelques extraits du texte de la leçon inaugurale au Collège de France
(Leçon, éditions du Seuil, 1978):

Le pouvoir (la libido dominandi) est là, tapi dans tout discours que l’on tient, fût-ce à partir d’un lieu hors pouvoir. (…)

C’est en effet de pouvoir qu’il s’agira ici, indirectement mais obstinément. L’ « innocence » moderne parle du pouvoir comme s’il était un : d’un côté ceux qui l’ont, de l’autre ceux qui ne l’ont pas ; nous avons cru que le pouvoir était un objet exemplairement politique ; nous croyons maintenant que c’est aussi un objet idéologique, qu’il se glisse là où on ne l’entend pas du premier coup, dans les institutions, les enseignements, mais en somme qu’il est toujours un. Et pourtant, si le pouvoir était pluriel, comme les démons ? (…) partout, de tous côtés, des chefs, des appareils massifs ou minuscules, des groupes d’oppression ou de pression ; partout des voix « autorisées », qui s’autorisent à faire entendre le discours de tout pouvoir, : le discours de l’arrogance. Nous devinons alors que le pouvoir est présent dans les mécanismes les plus fins de l’échange social. (…)

J’appelle discours de pouvoir tout discours qui engendre la faute, et partant la culpabilité, de celui qui le reçoit. (p. 10-11). Lire la suite