médiations et construction du sujet

Les notions de « medium » et de « médialité » apportent un renouvellement très fécond dans les manières de penser les médiations du rapport à soi. En montrant le rôle déterminant du medium, de ses matériaux et de ses formes spécifiques dans le façonnage du rapport à soi, elles amènent à reconnaître que le sujet se constitue dans des pratiques qui sont ce par quoi et ce dans quoi une subjectivité se constitue. Par ailleurs, la notion de « pratiques automédiales » permet d’englober toutes les formes d’expression et de langage : parlées et écrites, photographiques, visuelles, sonores, graphiques, plastiques, numériques, corporelles et gestuelles, scéniques, etc. Entre autres conséquences, la réflexion liée à la « médialité », tout en élargissant le champ des pratiques, ouvre les démarches de formation à de nouvelles approches plus conscientes du rôle constitutif des médiations dans les processus de construction du sujet.

Delory-Momberger C. et Bourguignon J-C. Médialités biographiques, pratiques de soi et du monde, Le sujet dans la cité, Actuels, n°9, mars 2020, p. 17.

 

Techniques de soi et modes de constitution du sujet

… déplacer la manière dont sont conçus les modes de constitution du sujet [...]

… penser que les médiations auxquelles nous recourons, par exemple celles du récit, sont justement bien plus que de simples instruments servant de supports à l’expression d’une subjectivité déjà toute formée – mais qu’elles constituent des pratiques par lesquelles et dans lesquelles une subjectivité en acte s’expérimente et trouve ses formes. Autrement dit le sujet n’est pas donné en soi et pour soi, il se constitue, comme nous l’a appris Michel Foucault dans des « pratiques de soi » ou des « techniques de soi »(1) faisant appel à des médiations extérieures »

(1) Les techniques de soi [sont des techniques] qui permettent aux individus d’effectuer, seuls ou avec d’autres, un certain nombre d’opérations sur leur corps et leur âme, leurs pensées, leurs conduites, leur mode d’être ; de se transformer afin d’atteindre un certain état de bonheur, de pureté, de sagesse, de perfection ou d’immortalité. (Foucault : Les techniques de soi, Dits et écrits II, Gallimard, 2001, p. 1604).

Delory-Momberger C. et Bourguignon J-C. Médialités biographiques, pratiques de soi et du monde, Le sujet dans la cité, Actuels, n°9, mars 2020, p. 22.

 

écrire

« Ecrire, c’est un mode de pensée à l’œuvre qui transforme en profondeur celui qui écrit, un mode de pensée qui humanise. Ecrire, c’est par l’imaginaire décaler son regard, c’est mettre en mots le monde, c’est se rendre lucide sur les maux du monde et ses propres maux. C’est apprendre à différer, à apprivoiser l’autre, à surseoir à ses pulsions… Ecrire, c’est se construire en tant que sujet qui pense. »

Yves Béal

http://www.questionsdeclasses.org/?Ecrire-Ecrire-ensemble-pour-vivre

le sujet produit par la parole (Tosquelles)

« Il y a tant de gens qui s’entêtent à vouloir être « un tout » et tout avaler tout de suite. Et quand ils voient eux-mêmes qu’un tel projet est indéfendable, alors ils pensent qu’il vaut mieux n’être rien du tout. Tôt ou tard ils pensent d’eux-mêmes qu’ils ne sont rien ou que les autres les traitent comme s’ils n’étaient « rien » : une chose vide, ni plus ni moins qu’un objet, et jamais un sujet, toujours produit, comme nous le disions, par la parole et non par magie ni par culture. Un sujet précisément d’où émergent les questions auxquelles répond le moi en choisissant d’être de telle ou telle bande, de tel ou tel lieu. Nous disions donc que le sujet naît de là-même où la parole s’échappe par des clivages, des chutes et des lézardes et lui fait un nid ».

Tosquelles F. Fonction poétique et psychothérapie. Erès 2003, p. 22.