Dispositifs

« Les outils de gestion, les procédures, les référentiels, les instruments comptables, les systèmes d’information et de communication sont autant de dispositifs qui canalisent l’activité, définissent des lignes de conduite, encadrent la production, induisent les comportements. Les dirigeants de proximité sont chargés d’appliquer ces dispositifs sur le terrain, mais ils ont peu de pouvoir pour les ajuster, les modifier – encore moins pour les éliminer quand ceux-ci produisent des effets néfastes à la production. Ils s’épuisent à tenter d’en limiter les dégâts afin que la production se fasse malgré tout. Il faut que « ça marche », même si pour ce faire on doit détourner les règles, ruser avec les procédures, maquiller les résultats, tricher avec les règlements. (…)

Ces dispositifs induisent des façons de faire et de penser, des comportements qui s’imposent même s’ils ne sont pas adéquats, même s’ils deviennent un empêchement au travail réel en rendant celui-ci plus difficile, même s’ils mettent le travail et les travailleurs en souffrance. Il y a là la genèse structurelle d’une organisation paradoxante. »

V. de Gaulejac et F. Hanique : Le capitalisme paradoxant, Seuil, 2015, p. 124