Chakrabarty : Politique de l’espèce humaine en temps de crise planétaire

 

Le temps géologique de l’Anthropocène et le temps de nos vies quotidiennes dans l’ombre du capital s’entremêlent. Le géologique traverse et excède le temps historique humain. (p.39)

 

Nous savons que les humains, outre qu’ils sont une somme arithmétique du nombre total d’humains sur la planète, sont aussi une espèce biologique, Homo sapiens, mais habituellement on ne prête aucune importance politique particulière à ce savoir. Toutefois, quand pour la première fois de toute son histoire la biodiversité dans le monde affronte la sombre perspective d’une « grande extinction » entrainée par les activités d’une espèce biologique, Homo sapiens, on commence à saisir qu’il est urgent de créer un sens politique fondé sur cette seconde compréhension de nous comme espèce profondément inscrite dans l’histoire de la vie. (p. 237)

 

La conscience de l’époque est en fin de compte éthique. Elle concerne notre façon de nous comporter à l’égard du monde que nous contemplons dans un moment de crise globale – et maintenant planétaire. C’est elle qui soutient nos horizons d’action. J’offre donc les pages qui suivent dans un esprit de dialogue avec le lecteur. Comme l’écrit Jaspers, citant Nietzsche, « la vérité commence à deux. » (p. 354)

Dipesh Chakrabarty. Après le changement climatique, penser l’histoire. Gallimard, 2023.