La haine (Günther Anders)

Plus vrai que le célèbre « principe ergo » de Descartes, il y a cet autre, vulgaire, quasi universellement reconnu : « Je hais donc je suis. » Ou plus précisément : « Je hais donc je suis moi. » Ou finalement : « Donc je suis quelqu’un« .

En effet, la haine n’est pas seulement la forme première (pré-théorique) de la négation, elle n’est pas seulement le plaisir anticipé (sadique) d’anéantir l’autre, mais simultanément aussi l’affirmation de soi et la constitution de soi par négation et destruction de l’autre. A tout le moins aussi juste que le principe de Fichte, le moi pose le non-moi, il y a celui énonçant que le moi se « pose » lui-même par l’anéantissement du non-moi. (p. 33-34). Lire la suite

Barbares ? (P. Viveret)

« Il y a des actes barbares, il n’y a pas de Barbares. La barbarie est un dérapage dans l’inhumanité qui menace tout individu, tout groupe humain. C’est une aliénation, une altération d’humanité qui n’est pas réservée à certains. L’Europe a payé le prix lourd pour comprendre que la barbarie pouvait naître au cœur de grandes civilisations. La patrie de Kant et de Beethoven pouvait aussi enfanter le nazisme. La patrie de Dante pouvait enfanter le fascisme, celle des droits de l’homme le colonialisme, celle de Cervantès le franquisme, celle de l’habeas corpus l’impérialisme, celle de la libération du tsarisme, la terreur stalinienne, celle de la statue de la liberté organiser un système international de torture.. La liste est infinie. Lire la suite

Affrontements

Ici, finalement, dans nos villes de glaises, les affrontements concernent tout le reste de la vie – pas besoin d’uniforme pour organiser les offensives contre elle, pas besoin de canons et de généraux : chacun le soldat de son armée entière, chacun sa position, chacun établit le compte de ses morts intérieurs – et aucune trêve pour aucune fin à ces guerres.
Seulement, ici, dans nos villes semblables, plus personne pour savoir pourquoi la guerre se mène, ni où elle se mène, ni en fonction de quelles stratégies – les affrontements sont une seconde après l’autre, le champ total de l’existence vécue en ces termes.
Là-bas, dans les villes libérées, on prépare d’autres affrontements.

Extrait de: Arnaud Maïsetti. Affrontements. Publie.net

LENDEMAINS GUERRES…

LENDEMAINS GUERRES ET LARGES

http://www.nuitetjour.xyz/nuitetjourfree/2015/11/22/lendemains-guerres-et-larges-par-arnaud-masetti

…. « C’est le propre de l’Histoire quand elle a lieu : qu’elle se dérobe sous nos pieds. Viendra le temps de la pensée, puis celle, sans doute, de l’action. Pour l’heure, passé celui de la sidération et de l’émotion, c’est le temps redoutable et infect des bavardages, des avis délivrés comme pour se vautrer dans soi-même, et de jouir de la lâcheté d’en posséder un, d’avis, et que dans sa banalité, ils trouvent là leur singularité.

Pendant trois jours évidemment, surtout ne pas écrire qui ajouterait aux mots d’autres mots et la honte. Lire la suite

Impuissance guerrière

 

« Nous sommes dans une logique de l’impuissance guerrière »

http://rue89.nouvelobs.com/2015/11/14/sommes-logique-limpuissance-guerriere-262098

Pour Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, la réponse « guerrière » apportée par les politiques aux attentats de vendredi illustre leur impuissance et nous place dans une logique inefficace et sans fin.

Quelques heures après les attentats qui ont frappé la France, la question de la réaction se pose déjà. Le mot de « guerre » est sur toutes les lèvres, notamment celles du Premier ministre, au JT de 20 heures de TF1.

La même question s’était posée après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo, et Jean-Pierre Dubois, juriste et président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, nous avait alertés. Nous l’avons recontacté.

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à ceux qui déclenchent les guerres

« Karel écrivait : La guerre est une banalité qui nous contraint à remplacer ce que nous avons détruit par ce que d’autres détruiront. Il m’a longtemps semblé que cette phrase énonçait une fatalité pire que l’ironie, puis je me suis aperçu que Karel signifiait que la guerre est un système qui s’entretient de lui-même. Qu’importe ses acteurs et ses justifications, il se nourrit de ses dévastations. La victoire et la défaite n’ont aucune pérennité, sinon comme germes de la prochaine guerre. »

Ayerdhal : Chroniques d’un rêve enclavé, Au diable vauvert, 2009.