Olivier Marboeuf : catégories de savoirs

 

Cette fâcheuse situation de mauvais.es Nègres a plusieurs origines et l’une d’entre elles est particulièrement saillante en France : la difficulté à tisser des formes de pensée et de sensation, de perception et de réflexion, critiques qui associent différentes perspectives et catégories de savoirs. Si des formes de vie et d’agir constituent des objets d’études, [...] elles ne sauraient porter, par elles-mêmes, des savoirs dignes de participer à des frictions créatives sans une médiation-traduction autorisée. Ainsi les militant.es seront toujours trop fiévreux.ses, aveuglé.es par des luttes les éloignant d’une hypothétique scientificité qui permettrait à leurs paroles, expériences et visions de trouver une place dans le débat universitaire. Il en va de même de tout un ensemble de savoirs vécus et de productions émotionnelles qui sont les trésors que nous offrent celleux dont le corps est archive et qui détiennent de ce fait une des clefs essentielles des rituels de réparation. [...] Lire la suite

être des « cas » … parlés par d’autres ?

Il est stérile et dangereux de penser sa situation particulière sur un mode psychologique, d’aller chercher les réponses en soi, dans son cursus d’expériences personnelles, alors que bien souvent, nos régimes de vie, nos conditions sociales, nos ressentis ne sont que les manifestations localisées et particulières de processus et de phénomènes bien plus larges dans lesquels nous baignons sans vraiment nous en rendre compte. Il ne faut pas se condamner à la solitude péremptoire d’être des « cas ». (…)

Nous sommes les seuls à pouvoir analyser proprement les situations que nous traversons, à prendre des mesures d’action sur nos vies. Nous devons devenir nos propres prescripteurs. Nous ne pouvons plus abandonner nos choix et nos actes aux savants et aux experts, aux médecins, aux sociologues, aux économistes, aux ingénieurs, aux techniciens politiques qui s’improvisent en penseurs privilégiés de nos quotidiens et qui prétendent pouvoir comprendre à notre place. (…)

Nous ne sommes les propriétaires que de nos propres mots. Sans un langage qui soit le nôtre, nous sommes condamnés à être parlés par d’autres.

http://autographie.org/blog/2015/03/15/des-mesures-techniques-disolation-aux-strategies-politiques-du-contact-plaidoyer-pour-une-auto-graphie-sociale-2/

Le geste de fumer la pipe (V. Flusser)

 

« pourquoi fume-t-on la pipe ? La réponse évidente est : par plaisir. (…) On fume la pipe pour le plaisir d’être obligé d’interrompre sa vie utile et faire des sacrifices inutiles. Mais pourquoi est-ce un plaisir ? Parce que, par une telle interruption et un tel sacrifice, on commence à vivre pour vivre. On vit quand on fume. On exprime son existence par ce geste inutile et couteux. (…) Vivre sa vie, c’est faire des gestes dans lesquels on se reconnaît grâce aux limitations et grâce à leur inutilité, et c’est cela la vie artistique. Elle est donc le contraire d’une vie spontanée : elle est artificielle. Fumer sa pipe est un geste délibéré, artificiel, inutile et couteux. C’est pourquoi il fait plaisir : un plaisir esthétique. Lire la suite

Joseph Mornet, sur la clinique de La Borde

« On retrouve dans l’ensemble du fonctionnement les principes de la psychothérapie institutionnelle : « la perméabilité des espaces, la liberté de circuler, la critique des rôles et des qualifications professionnelles, la plasticité des institutions, la nécessité d’un club thérapeutique ». C’est le mouvement ainsi créé qui constitue la fonction « d’analyse » et de formation permanente. Il déjoue la routine et l’ennui. Il provoque des hasards. Il permet des rencontres. Il ouvre des paroles. En un mot, il permet de maintenir le désir en favorisant l’hétérogénéité des champs d’investissement.

De la même manière, toute commission, tout groupe, toute réunion a des statuts précaires: ils ne valent que par leur contexte qui, par définition, est fluctuant car vivant.

En 1955, Félix Guattari, qui accompagnait déjà Oury à Saumery, le rejoint définitivement à la Borde : la clinique fonctionnera avec cette « machine bicéphale » jusqu’à la mort du philosophe en 1992. Il définit ainsi la Borde :

« On met en place autour du malade un système d’objets de médiation pour le prendre au piège de la relation. On tisse une immense toile d’araignée avec des itinéraires, des circuits, des branchements. Dès qu’une petite connexion s’amorce, on la renforce. On fait des nœuds aux points de couture pour que ça tienne. » (F. Guattari, interview du Nouvel Observateur, 7 mai 1973.) (…)

Cinquante ans après l’ouverture de la clinique de la Borde, le bilan de sa pratique déborde largement le seul champ de la santé mentale. Elle traverse tout le champ des sciences humaines, de la philosophie et du politique. »

Joseph Mornet : Psychothérapie institutionnelle, Histoire et actualité. Champ social éditions, 2007.

Conférence de vernissage d’exposition

Romain LOUVEL : Conférence de vernissage d’exposition

(Conférence prononcée lors du vernissage de l’exposition « Discovering the city », Musée Wola, Varsovie, le 27 novembre 2013. Cet évènement participe au projet Expéditions)

« Discovering the city » manifeste le retour des explorateurs partis en Expédition quelques mois plus tôt en Espagne, en France et en Pologne. Il prend la forme d’une exposition installée dans un musée. Les activités d’exploration ont produit des objets de formes et de disciplines diverses, réunis dans une collection, identifiés dans un catalogue, sélectionnés par Anna Banaś et mis en scène par Anna Met.

L’exposition « Discovering the city » résulterait d’une telle équation qui rassemble l’auteur, le collectionneur, la collection, le commissaire, le scénographe et le musée.

Je m’interroge du sens attribué à ces objets exposés au travers leur parcours et leur histoire. Je m’interroge aussi de la manière d’exposer ces objets, du sens et des raisons que nous avons a le faire. Et je m’intéresse au rôle que l’exposition joue dans l’érection de ces objets au statut général de matière pour la connaissance, voire de connaissance pure.

Il y a un mécanisme de fabrication de la connaissance auquel l’exposition contribue.

Mais…

Qu’est-ce qu’une exposition ? Pourquoi fait-on des expositions ?

… lire la suite : http://www.les-seminaires.eu/conference-de-vernissage-dexposition/, mis en ligne le 2 décembre 2013

une expérience à suivre

Pascal Nicolas-Le Strat envoie ce message le 10/11/13 :

Cher-e-s ami-e-s, bonjour,
Après la soutenance de mon HDR, je me mets (enfin !) à mon livre « Le travail du commun »… mais en y associant (peut-être !) une expérimentation sur le Net, à savoir :
- y associer le journal d’une écriture,
- proposer le livre en fabrication,
- proposer une interaction avec les lecteurs, sous la forme donc d’une écriture en lectures,
- et enfin à un niveau meta une réflexion sur ce lien entre publicisation d’une écriture et publication d’un écrit, et une réflexion sur le format électronique qui affecte conjointement la pratique d’écriture et le format même du livre. Donc une expérience elle-même expérimentée
C’est l’idée du jour ! Oups ! Je ne sais pas si je parviendrai à engager l’expérience. Mais je conviens de la publiciser dès son amorce… pour tenir la règle du jeu.
Vous trouverez donc sur mon blog (réouvert pour cette occasion) des premières réflexions sur ce projet, qui ont pris, comme souvent en la matière, la forme d’un message à Yves lOurs Koskas.
http://blog.le-commun.fr/
Si cela suscite une quelconque attention de votre part, je suis preneur de vos remarques… y compris de vos encouragements  ;-) )
Passez un bon dimanche
Bien amicalement
Pascal

Vous pouvez aussi suivre l’actualité de son livre « Le travail du commun » tout au long de son écriture, soit par Twitter : @travailducommun, soit en rejoignant sa page Facebook personnelle : facebook.com/pascal.nicolaslestrat

rencontres Montpellier Sherbrooke (suite)

Une belle expérience humaine et intellectuelle au cours de ces rencontres à Montpellier les 27 et 28 juin  : un colloque sur l’analyse des pratiques qui a rassemblé des enseignants-chercheurs et des praticiens-chercheurs travaillant dans le domaine de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur. De riches échanges, la confrontation d’approches et de modèles différents et des perspectives de poursuite du travail, peut-être l’année prochaine à Sherbrooke. Un projet qui émerge aussi à moyen terme d’une publication consistante sur le sujet…