penser la socialisation-personnalisation

Hugon, M., Vilatte, A. et Prêteur,Y. (2013). Philippe Malrieu : un modèle de la socialisation-personnalisation, in A. Baubion-Broye et al. Penser la socialisation en psychologie. Actualité de la pensée de Philippe Malrieu. Toulouse : Erès.

Quelques extraits :

L’œuvre de Malrieu (…) propose un modèle dialectique de la socialisation, articulant changement individuel et changements sociaux. Dans ce modèle, le sujet est considéré comme acteur de ses conduites par les significations qu’il leur accorde dans les différents milieux et temps de sa socialisation. La socialisation ne résulte donc plus d’une simple acculturation ou d’un assujettissement aux règles et normes des systèmes institutionnels mais également d’une construction subjective (personnalisation).(…)

« Au-delà des institutions où il est directement engagé : famille, école, travail, groupes de pairs, l’adolescent approfondit ses relations avec les institutions de la société globale : économie, État, culture. »

A l’instar de Wallon et de Meyerson, Malrieu souligne l’inscription des conduites humaines dans des systèmes sociaux et culturels au sein desquels autrui tient un rôle de médiateur (pairs, éducateurs, etc.).

Pour Malrieu, la socialisation recouvre un double versant : un processus d’acculturation, consistant en l’appropriation d’un monde de culture et ayant pour principale finalité d’orienter les conduites de l’individu (…) et des processus de personnalisation, processus au sein desquels le sujet repère les insuffisances ou contradictions de ces contraintes sociales pour les dépasser et se déprendre de ses propres assujettissements.

La personnalisation se définit donc comme une construction originale par laquelle le sujet tente d’objectiver et surmonter les conflits à l’origine d’un sentiment de division.

La définition d’un projet cohérent de vie apparaît comme nécessaire pour dépasser ces conflits et continuer à se construire. Ce projet ne peut s’établir que sur une reconnaissance des expériences antérieures vécues et à l’intersection de normes multiples (idéologiques, morales, religieuses, philosophiques) que la personne rencontre au sein des différentes institutions qui l’éduquent.

« C’est par l’analyse critique de ses expériences et des normes qui l’entourent que le sujet va créer, innover, se personnaliser en accédant ainsi au statut de personne ».

Les dimensions que Malrieu propose au chercheur de repérer à partir des œuvres autobiographiques correspondent aux relations que le sujet entretient avec son entourage (personnes auxquelles il s’identifie ou s’oppose), aux idéologies dominantes dans les institutions et dans ses différents groupes d’appartenance et à la façon dont le sujet construit ses représentations de soi, son identité, à partir des relations qu’il élabore entre ces différents systèmes.

La façon dont Malrieu conceptualise son modèle de la socialisation ((…) est plurielle car elle se réalise simultanément dans des milieux différents et ce tout au long de l’existence. (…) « Considérant que les relations interpersonnelles sont médiatrices de la construction du sujet, l’hypothèse est de ne pas éparer l’étude des fonctions et des processus psychiques de celle de leurs cadres sociaux, des institutions et des représentations collectives.

Voir aussi : des extraits d’un article de Malrieu sur le site :

http://www.translaboration.fr/wakka.php?wiki=MalrieU