Deux idées étrangement proches : l’individu et le paysage

« Aujourd’hui où l’échelle imposée devient mondiale, la vertu du paysage, face à cette ubiquité abstraite, est de relocaliser : non pas en repliant illusoirement dans un particularisme compensateur et pittoresque, mais en réinscrivant du Singulier. Si ce qui fait paysage est qu’il contient le tout du monde, mais sur un mode unique, ce local lui-même est global, en ne cessant de mettre en interaction et de faire communiquer. Et peu importe que le paysage soit fait alors de rues ou bien de vallons, de cités ou de forêts… »

François Jullien : Vivre de paysage ou l’impensé de la raison. Gallimard. 2014, p. 248

Je découvre ce passage alors que je viens d’écrire, en commentant Edgar Morin (2001) : « selon lui, l’humain se définit par trois notions complémentaires et inséparables, alors même qu’elles paraissent s’opposer : l’individu, la société et l’espèce humaine. Leur relation est « dialogique », en ce sens qu’elles se répondent : l’espèce est faite de tous les individus, mais, dans chaque individu, il y a tout ce qui fait l’espèce humaine…  » En ligne : http://www.translaboration.fr/wakka.php?wiki=TransformatioN

Je suis frappé de voir à quel point ces deux idées se répondent : « ce qui fait paysage est qu’il contient le tout du monde, mais sur un mode unique » ; ce qui fait un individu, un être humain, est qu’il contient tout ce qui fait l’humanité, mais sur un mode unique.