La parole et le don (B. Maris)

« L’homme est un animal communiquant. Il parle, écoute, répond. La plupart de ses activités sont des activités de réciprocité et d’échange gratuites. L’amitié, l’amour, la séduction ne sont pas guidés, en générale, par des motifs monétaires. (…) L’homme est surtout un animal social. Pris dans les filets du langage, il est d’abord un animal parlant. Le langage, cette construction collective, relève du don/contre-don : je donne, mais j’ai l’obligation de recevoir et, ayant reçu, j’ai l’obligation de rendre. On ne parle pas à un mur. Donner, recevoir, rendre tissaient un réseau de liens dans les anciennes sociétés. Ces liens existent évidemment encore aujourd’hui. Nombre de rapports amicaux ou professionnels sont fondés sur le donner-recevoir-rendre. Ils sont probablement infiniment plus nombreux, subtils et porteurs de valeurs morales que les rapports marchands… »

Bernard Maris, Antimanuel d’économie. 2. Les cigales. Bréal, 2006, p. 144.