H. Becker : de l’utilité des cas particuliers

Quelques citations de Howard Becker, extraites d’un livre récemment traduit en français :

« Mon objectif  est une compréhension fine de phénomènes sociaux étudiés au plus près, en découvrant le plus de choses possibles à leur sujet. (p. 10).

« C’est pourquoi je m’appuie sur ce qu’on appelle généralement des cas, c’est à dire des études approfondies de situations, d’organisations de types d’évènements singuliers. (…) Tout ce qui est présent dans la situation à comprendre, ou qui lui est lié, doit être pris en compte. (…) Les phénomènes que j’étudie se déroulent dans le temps, aussi j’incorpore dans ma réflexion l’idée de changement ou de processus. (p. 11).

« Je sais aussi que ce que je suis en train d’étudier a des rapports avec d’autres faits extérieurs au cadre que j’ai construit pour ma recherche et que, vu sous un autre angle, les éléments que j’ai laissé de côté pourraient fort bien se trouver au cœur de l’analyse. Je m’efforce de ne pas prendre la focale que j’ai choisie pour une forme irréductible de la réalité.  (…) Je me sers d’une étude approfondie de cas spécifiques pour produire de nouvelles questions dont les réponses, dans des cas particuliers, m’aident, moi ou d’autres, à comprendre la réalité sociologique. (p. 12).

« Raisonner par analogie, c’est donc utiliser ce que l’on sait d’une situation pour savoir quoi chercher dans une autre, en partant du principe que ces deux cas doivent avoir d’autres aspects en commun. (p. 65).

« Ce qu’apporte le raisonnement par analogie à partir de cas connus, ce n’est pas la garantie d’un savoir sur tout un groupe de cas similaires, mais quelque chose de plus précieux et de moins éphémère : un ensemble de questions opératoires sur une famille de phénomènes, des idées qui peuvent orienter une nouvelle recherche, depuis le premier intérêt qu’on lui porte jusqu’à son aboutissement. (p. 80).

Howard S. Becker, La bonne focale. De l’utilité des cas particuliers en sciences sociales, La Découverte, 2016.