Maryse Hache parler

« Dire quelques bribes du parcours, avec l’impression qu’il y a, au-delà de la matière individuelle, une matière universelle, une matière qui nous concerne tous.

Qui nous concerne tous car sinon pourquoi me tient tellement à cœur, — à os, à peau — que, vis-à-vis du monde, je suis en quelque chose responsable de mes agissements, de mes paroles, de mes pensées, de mes décisions, de mes sourires ?

Je tiens à cette poudre de responsabilité vis-à-vis du monde.
Elle me tient.
Et je prends la parole, ou plutôt je prends les mots, qui m’ont prise, depuis longtemps.

Parler, parler, nommer.
Commencer par là.
Nommer la maladie par son nom, sans métaphore, périphrase ou litote.
Partout où je passe, ou presque — il faut que ça ait du sens, c’est-à-dire qu’il y ait du temps possible pour parler de ce qui a été dit — il faut que je parle, il faut que je nomme.

Maryse Hache.  Passée par ici. Publie.net 2015 (p. 14)