La parole de Rancière

La parole qui maintient aujourd’hui ouverte la possibilité d’un autre monde est celle qui cesse de mentir sur sa légitimité et son efficacité, celle qui assume son statut de simple parole, oasis à côté d’autres oasis ou île séparée d’autres îles. Entre les unes et les autres il y a toujours la possibilité de chemins à tracer. C’est du moins le pari propre à la pensée de l’émancipation intellectuelle. Et c’est la croyance qui m’autorise à essayer de dire quelque chose  sur le présent.

Rancière, J. (2017). En quel temps vivons-nous ? La Fabrique

Monedero : reconstruire un espace d’émancipation

« Nous sommes des professeurs de science politique ce qui signifie que tout ce que nous pensons, tout ce que nous disons et tout ce que nous faisons sont liés. Qu’est-ce qui alimente quoi ? Lorsque je lis quelque chose, ça me paraît intéressant parce que ça fait à écho à des situations auxquelles j’ai été confronté. »

Podemos ne voulait pas réinventer la gauche mais reconstruire un espace d’émancipation. Entretien avec Juan Carlos Monedero

Laura Chazel juin 14, 2017, à lire sur le site de Le vent se lève :

lvsl.fr/6278-2

nous sommes faits de mots

« Nous sommes des créatures qui lisons, nous ingérons des mots, nous sommes faits de mots, nous savons que les mots sont notre mode d’existence en ce monde, c’est par les mots que nous identifions notre réalité et au moyen des mots qu’à notre tour nous sommes identifiés ».

Alberto Manguel, Le voyageur & la tour, Actes Sud, 2013 (p. 140), cité par Claire Aubert, Des gestes de lecteurs, éditions du commun, 2016 (p. 17)

L’être comme nouage de lignes et de flux

« Il est plus éclairant de concevoir les êtres comme des nœuds plutôt que comme des cellules. Mon corps est constitué par le nouage infiniment intriqué des flux qui y circulent : air, eau, sang, humeurs, calories, vitamines, hormones. Mon esprit, de même, n’est rien d’autre que ce que trament en moi et à travers moi les lignes que je lis dans un livre, les bandes d’annonce que je vois au cinéma, les flux de parole qui me viennent de mes proches ou de mes transistors. Il n’ y a pas un moi « dans » un environnement ; il y a des trajets multiples qui se nouent « en » moi pour me donner mon existence propre. »

Yves Citton & Saskia Walentowitz  Pour une écologie des lignes et des tissages Revue des Livres, n° 4, mars 2012, p. 28-39. (Présentation du livre de T. Ingold : Une brève histoire des lignes).

écrire

« Ecrire, c’est un mode de pensée à l’œuvre qui transforme en profondeur celui qui écrit, un mode de pensée qui humanise. Ecrire, c’est par l’imaginaire décaler son regard, c’est mettre en mots le monde, c’est se rendre lucide sur les maux du monde et ses propres maux. C’est apprendre à différer, à apprivoiser l’autre, à surseoir à ses pulsions… Ecrire, c’est se construire en tant que sujet qui pense. »

Yves Béal

http://www.questionsdeclasses.org/?Ecrire-Ecrire-ensemble-pour-vivre

Silence, douleur, résistance

« Réduit.es au silence. Nous craignons celles/ceux qui parlent de nous sans nous parler et sans parler avec nous. Nous savons ce que c’est qu’être réduit.es au silence. Nous savons aussi que ces forces qui nous réduisent au silence parce qu’elles ne veulent jamais que nous parlions  diffèrent des forces qui nous disent : parle, raconte moi ton histoire. Seulement ne parle pas depuis la voix de la résistance. Parle seulement depuis cet espace dans les marges qui est le signe de la privation, de la blessure, et du désir inassouvi. Dis seulement ta douleur »

 bell hooks, « Marginality as site of resistance », In Fergusen, Russel (dir.), Out There : Marginalization And Contemporary Culture, Boston, MIT Press, 1992, p. 341-343.

« Silenced. We fear those who speak about us who do not speak to us and with us. We know what it is like to be silenced. We know that the forces that silence us because they never want us to speak differ from the forces that say speak, tell me your story. Only do not speak in the voice of resistance. Only speak from that space in the margin that is a sign of deprivation, a wound, and unfulfilled longing. Only speak your pain ».

Revue le sujet dans la cité, n°4, novembre 2013

« Partager les savoirs, construire la démocratie » est le thème du numéro 4 (2013) de cette revue internationale de recherche biographique, avec un très riche contenu, notamment un entretretien avec Franco Ferrarotti, sociologue italien, fondateur de la revue « La critica sociologica » et un témoignage d’Agnès Bertomeu sur la clinique de La Borde.

Un numéro hors série de la revue « le sujet dans la cité »

Vient de paraître, le numéro 2 hors série Actuels de cette revue, sous la direction de J. J. Schaller (enseignant-chercheur à Paris 13) : L’intervention sociale à l’épreuve des habitants.

L’ouvrage présente l’expérience de la« Recherche Action Qualifiante » (RAQ) menée entre des professionnels de l’action sociale (Sauvegardes de l’enfance et de l’adolescence de l’Ouest de la France) et des enseignants- chercheurs de l’Université Paris 13/Nord (Centre de recherche EXPERICE), et indique en même temps des pistes permettant sa transposition en d’autres lieux.

La revue est éditée par L’Harmattan.

Guy Jobert : « Exister au travail »

Vient de paraître le livre de Guy Jobert « Exister au travail. Les hommes du nucléaire », aux éditions  Erès.

Présentation de l’éditeur :

Dans le cadre de notre activité de travail, par quels moyens et à quel prix tentons-nous d’exister, de nous développer au milieu des autres, et de donner du sens à notre action ?

En ethnologue du monde du travail, Guy Jobert a partagé la vie et écouté longuement les agents de conduite de centrales nucléaires françaises. Il analyse comment ceux-ci explorent des voies multiples pour tenter de faire de leur travail un lieu de construction identitaire ou pour réduire les dangers qu’il fait peser sur leur équilibre. Au-delà des hommes du nucléaire, il montre que tout travailleur mène en permanence deux activités, distinctes mais totalement liées : l’une qui répond directement à sa mission productive et l’autre qui consiste à exister personnellement dans et par son travail. Ces activités demandent toutes deux compétences, efforts, invention, et sont toutes deux menacées par l’échec. L’enjeu pour le travailleur est considérable. Cette perspective confère au travail une place centrale dans la construction de la personne humaine.